Collection: Paul Ahyi
Descendant d'une famille princière d'Abomey (ancien Dahomey français), Paul Ahyi (1930, Abomey - Bénin, alors Afrique-Occidentale française - 2010, Lomé - Togo) est marqué, enfant, par l'ornementation du palais royal dans lequel il est élevé. En 1952, une bourse lui permet d'intégrer l'Ecole des beaux-arts de Lyon puis, quelques années plus tard, l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Il y rencontre Madeleine Rousseau et y découvre les objets africains présentés au Musée de l'Homme. A Lyon, proche de Paulin Joachim ou de Christian Zohoncon, il participe à la mouvance intellectuelle qui se développe autour de la maison d'édition Présence africaine, fer de lance du panafricanisme en France, et s'implique activement dans la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France.
En octobre 1959, désireux de prendre part à l'édification de l'indépendance, il retourne au Togo, où il signe quelques mois plus tard le drapeau national. Ahyi, qui revendique "la centralité de la liberté et de l'indépendance de l'artiste", pratique la peinture, la sculpture, la céramique, le vitrail, l'architecture intérieure, la tapisserie et la bijouterie. Il invente de nouvelles formes artistiques telles que le zota (littéralement : "dessiner avec le feu"), méthode de pyrogravure lui permettant de dessiner sur des planches de bois à l'aide d'un chalumeau et de former des rehauts de couleur à base de cire fondue.
Partisan d'un art socialement engagé, auquel il souhaite donner une portée révolutionnaire, il revendique la puissance de la peinture d'Eugène Delacroix, de la sculpture de François Rude et des chants de Miriam Makeba. Il réalise dans cet esprit plusieurs sculptures publiques et orne de sa "porceleine africaine" (technique de mosaïque en céramique) de nombreux édifices de Lomé. Ahyi, qui ne cessera jamais d'enseigner, d'écrire sur l'art et d'élaborer des concepts pédagogiques, oeuvre ainsi à la mise en place d'une modernité typiquement africaine, miroir d'une identité collective postcoloniale, dans le but d'affirmer l'indépendance culturelle de l'Afrique face aux pays occidentaux. A ce sujet, il écrit : "Je vis mon présent comme une disjonction que je veux inclure dans la continuité, afin que la culture africaine dont je suis héritier ne soit pas une suite chaotique".
